Les files interminables dans Quezon City aux Philippines sont compensées par la seconde École altermondialiste qui s’est tenue du deux au vingt en un août . J’y ai participé en tant que membre du Comité Politique des Pauvres – Parti Démocratique du Peuple (KPRM-PRD) avec dix autres activistes de gauche venus de Taïwan, des Philippines, du Sri Lanka, du Bangladesh, du Japon et du Pakistan. Il s’agissait d’une école de formation de trois semaines organisée par l’IIRE de Manille. Les participant.e.s étaient membres de différentes organisations et partis révolutionnaires avec des traditions différentes, engagé.e.s dans différents types de luttes au niveau national. Il y avait des activistes du monde paysan, de travailleurs, d’organisations de femmes, enfin il y avait aussi des activistes actifs dans des régions rurales où il y a des conflits armés.
L’école a traité de seize sujets différents, c’était un contenu riche et stimulant, il renforçait les idées révolutionnaires et donnait un cadre marxiste et révolutionnaire pour comprendre les problèmes du monde et pour proposer des solutions socialistes.
La crise de civilisation mondiale actuelle, montre que seuls le marxisme et le socialisme offrent un cadre d’explication pour le système capitaliste et impérialiste. L’idée de « la fin de l’histoire » (Fukuyama) est aussi contredite par le « début d’une nouvelle histoire » écrite par la résistance des peuples en Amérique latine contre l’impérialisme, plus particulièrement à Cuba, au Venezuela, en Bolivie et en Equateur. En même temps ils luttent pour la création du socialisme du 21ème siècle.
La formation était divisée en trois parties : le contexte des luttes en Asie, la situation politique et économique mondiale, les mouvements des luttes et la construction d’organisations pour le changement.
Dans la première partie, on a traité des sujets suivants : l’Asie dans la crise mondiale économique ; l’impact passé et présent de l’impérialisme et de la mondialisation ; les migrations internationales – décrites à travers le développement du capitalisme et la crise actuelle ; la religion et les mouvements religieux – comment faire la différence entre mouvements progressistes et réactionnaires dans des contextes nationaux ; la composition de classe en Asie – qui est la classe ouvrière dans un monde de bidonvilles?
Le deuxième partie a couvert six sujets : la question rurale et paysanne – avec une description de la situation actuelle de l’agriculture, les caractéristiques du monde paysan et de ses mouvements ; les possibilités de travail des ONG – en regardant leur rôle dans la société civile et la question du pouvoir politique ; le féminisme – l’oppression spécifique et l’oppression de classe des femmes ; les luttes syndicales en Asie et les avancées possibles; nationalisme et libération nationale – la différence entre ces deux concepts et le rôle des pauvres des classes travailleuses et des autres secteurs opprimés et populaires dans la lutte de libération nationale ; marxisme et écologie – comme lier les deux et voir la crise écologique qui se développe comme la conséquence directe de l’impact du capitalisme.
La troisième partie traitait de cinq sujets concernant les stratégies révolutionnaires en Amérique latine –différents exemples de stratégies pour la lutte pour le socialisme; l’internationalisme et l’alter mondialisme – quel est l’état actuel du mouvement et quels sont les nécessités d’une coopération internationale ; mouvements et dialectique entre réforme et révolution, comment gagner le plus de gens possible dans les mouvements pour un programme révolutionnaire, mais aussi la relation entre mouvements et partis ; construire des partis révolutionnaires dans un contexte international ; le socialisme du 21ème siècle – comment construire le socialisme et apprendre des erreurs du 20ème siècle et les éléments important pour ce renouveau socialiste. Il y a eu aussi une discussion importante sur le thème du mouvement LGBT en lien avec la crise capitaliste et des échanges sur les expériences nationales diverses.
Les conférenciers qui ont participé à cette formation venaient d’horizons divers : Peter Wang de l’Association pour la Promotion du Marxisme de Hongkong, Kenji Kunitomi de la Ligue Communiste Révolutionnaire du Japon (LCRJ), Piet Engelschman et Alex de Jong du SAP néerlandais, Pierre Rousset du NPA (France), des dirigeants de la gauche des Philippines Ricardo Reyes et Frank Pascual, la militante féministe Yennah Torres, Walden Bello Ph.D. représentant du Akbayan Party List des Philippines, Wilson Fortalesa du Partido ng Manggagawa et Richard Solis de l’IIRE de Manille.
Les discussions chaleureuses et fraternelles entre participant.e.s étaient possibles aussi parce que les problèmes étaient traités dans leur contexte asiatique ou de situation semi coloniale, en lien avec nos luttes au quotidien. Les thèmes les plus intéressants étaient la religion et les mouvements religieux, la question agraire, les ONG, les thèmes liés aux femmes et la problématique LGBT, nationalisme et libération nationale, la stratégie et les exemples latino américains , parti et mouvement et le socialisme du 21ème siècle. L’Asie compte le nombre le plus élevé de pauvres dans le monde (et le plus de petits paysans) avec le plus d’ONG sur le terrain, il y existent des cultures très arriérées et des dynamiques populaires de mouvements et d’organisations de gauche. Beaucoup de discussions parlaient de la question de la radicalisations des mouvements et des révoltes.
Il faudra en tout cas continuer les discussions plus particulièrement concernant la situation économique et les classes sociales, l’impérialisme, l’oppression des femmes et la question LGBT et la stratégie révolutionnaire. Ceci devenait de plus en plus clair pendant l’école. C’était aussi l’occasion de recharger nos batteries et de poser des questions sur notre compréhension aussi bien théorique que pratique, ce qui est essentiel pour les luttes socialistes révolutionnaires devant nous. Beaucoup de jeunes activistes de gauche rejoignent en ce moment le mouvement et les organisations révolutionnaires, sans vraiment comprendre les traditions historiques de la gauche ou bien dans des pays sans tradition de gauche.
L’école fut une très bonne occasion pour découvrir différentes approches et visions, personne n’essayait d’imposer une perspective unique ou uniforme. Au contraire, la formation était conçue comme un instrument pour apprendre les un.e.s des autres, pour utiliser ce qu’on apprenait dans notre propre contexte de lutte et de pratique nationale. On y a également appris et discuté des leçons de l’histoire des révolutions pour pouvoir construire aujourd’hui un parti et un mouvement qui est en même temps démocratique, large et radical.
Zely Ariane, porte parole nationale du KPRM-PRD et membre de l’Organisation des Femmes Libres.